mercredi 31 août 2016

Petite feuille blanche deviendra grande

Un Lundi soir, ma boîte aux lettres reçoit un e-mail surprenant. La maîtresse de Gabrielle annonce qu'il y a de gros soucis au sein du cinquième grade. La bataille des garçons et des filles. 

Elle explique qu'il y a des agressions verbales et physiques entre des clans de filles et des clans de garçons. Que le lendemain, elle et son collègue, Mr G. allaient séparer les 5th graders en deux groupes, filles avec Mrs F. et garçons avec Mr G. pour parler du problème. Et si les problèmes perdurent, les sanctions plus lourdes tomberont.

Le mardi était ma journée de volontariat. Je passais aider les instits dans les 3 classes. Pour Gabrielle et Raphaël, je faisais les "tuesday folders": Chaque Mardi, l'enfant repart avec sa pochette comprenant: ses tests, ses exercices faits dans la semaine, les communications de la prof (newsletter hebdomadaire), les pubs de l'assoc' des parents, ou des pubs pour des clubs sportifs et activités extra scolaire. La prof me donnait des piles de 25 à 35 feuilles, que je mettais dans les dossiers. Puis, je remplissais chaque pochette avec les papiers. Ca me prenait environ 45 min en 2nd grade, et parfois 1h15 chez les 5th grade. Ce qui m'a surprise, voir choquée, c'était mon accès à des informations sur les élèves, tels que.. leurs notes! Je sais qui est bon élève, qui ne l'est pas. 

Pendant que je faisais mon petit triage, Mme la directrice débarque. C'est une femme de taille moyenne, blonde aux cheveux carrés parfaitement coiffés chaque jour, maquillée, souriante, très dynamique. Elle est aussi douce et aimable qu'elle peut être stricte et sévère quand il le faut. Une fois, alors que j'étais au secrétariat (nous nous inscrivons sur une feuille à chaque fois que nous devons aller dans une classe. On dit à quelle heure on entre, et quand on repart. On prend un badge visiteur, et on part dans la classe), je l'ai entendue sévèrement réprimander un élève. Je peux vous dire qu'il vaut mieux ne pas avoir d'ennuis. Les mots sont tous bien choisis pour être fermes, jamais insultants, jamais rabaissants. La frontière entre ce qui se fait, et ne se fait pas, est très déterminée. 

Cette femme, donc, arrive en classe. Elle demande doucement et poliment à la prof la permission de parler aux élèves. Dès lors, le ton devient ferme, et militaire. Elle demande à un élève de distribuer des feuilles blanches aux enfants, du type de celles que l'on met dans les imprimantes. 

Ensuite, elle leur a demandé de décrire la feuille. "blanche", "lisse", "douce", "belle" etc.

Puis, elle leur a demandé de mettre la feuille en boule. De bien tasser. De marcher dessus. De déchirer, pourquoi pas. Qu'ils se lâchent! 

Puis, elle leur a demandé à remettre la feuille à plat, comme au début. Ils ont déplié, lissé à la main. 

Et là, elle a leur a redemandé à décrire leurs feuilles: "déchirée" "détruite" "cassée" "moche" "inutilisable" etc

Puis elle leur a dit "les enfants, lorsque vous rencontrez une personne, elle est comme la feuille blanche. Pure, belle. Lorsque lui vous dites des choses blessantes, lorsque vous l'agressez, alors vous cassez la personne, elle est abimée. Essayez de lui demander pardon maintenant! Allez-y, allez-y". Et les élèves de dire "pardon, je suis désolé" à leur feuille blanche...

"Maintenant, est-ce que votre feuille est en meilleur état?? Vous trouvez que vos excuses l'ont aidée? Non? Vraiment? Le mal qu'on fait est un dommage irrémédiable, les enfants. On ne peut pas se moquer de l'autre, et jeter un "ca va, désolé" après. La personne est marquée à vie par les blessures que les autres lui infligent. Vous aussi. Vous commencez en feuille blanche, et en fonction des gens que vous rencontrerez, vous serez une feuille plus ou moins abîmée. C'est votre devoir de prendre soin de vos camarades. Le mal fait ne partira jamais. Gardez cette feuille quelques jours, pour vous en souvenir. Et plus longtemps s'il faut. Je ne vous laisserai pas abîmer d'autres enfants, je serai très ferme à l'avenir. C'est mon devoir de vous protéger, TOUS. Passez une bonne journée."

***

J'ai trouvé cette explication remarquable. C'est tellement simple et facile à expliquer à un enfant, et même à un adulte. Se moquer, insulter, taquiner, vanner... ça marque à vie. Tout le monde se souvient des taquineries reçues enfant. Mises à part les souffrances que ça peut provoquer, il y a aussi des complexes, le manque de confiance en soi, les angoisses, la tristesse, la solitude, le manque d'amour... tout ça peut naître d'une moquerie d'un camarade. Ayant connu les moqueries, en primaire, au collège ou au lycée, je peux effectivement dire à quel point on en ressort blessé. Même 20 ans après. J'aurais aimé avoir des directrices donnant des leçons de MORALE. Car oui, l'école n'est pas que l'éducation des connaissances. C'est aussi une école où on doit apprendre à bien se comporter avec les autres. Il est formellement interdit de manquer de respect à quiconque. Enfants comme adultes. Les professeurs parlent respectueusement aux enfants, qui leur répondent également respectueusement. Il n'y a aucune sanction pour des résultats scolaires insuffisants (l'élève reçoit de l'aide), mais sur le comportement, oui. 


Mais tout commence là, dans la cour d'école. De 5 à 18 ans, les enfants deviennent ados, puis petits adultes. Les réflexions pas gentilles générées par des enfants maladroits deviennent des insultes ciblées pour blesser, pour mettre à terre. La souffrance engendrée n'a pas beaucoup de voies de sortie disponibles. Contre soi, ou contre les autres. Soit l'enfant est blessé, triste. Soit il devient blessant, aigri.


 Les "t'es con", "t'es moche" peuvent avoir la mortelle virulence du nombre. C'est chaque enfant, et chaque adulte, qui a le pouvoir de faire du mal, ou du bien à ceux qu'il côtoie chaque jour, c'est un choix. Je voulais partager l'histoire de la feuille, au cas où vous souhaiteriez vous en servir. Et je sais aussi que des enfants de mes amis me lisent. Alors les enfants, c'était ma petite leçon de morale. Promis, je n'en ferai pas beaucoup.

Stop bullying
Stop au harcèlement scolaire

jeudi 25 août 2016

Devenir bilingue

Je suis obsédée depuis quelques mois par l'idée de faire un bilan. Nous avons passé le premier anniversaire de notre arrivée ici, les enfants ont fini l'année scolaire... Mais plus j'essaie de faire un bilan, plus je me perds dans les détails. Alors je vais juste balancer, sans mise en forme, ce que je ne veux pas oublier plus tard. Pour le bilan, on attendra que j'aie suffisamment de recul pour y voir clair. Donc je ferai une série de mini-compte rendus, sur différents sujets. 


***

Avant de partir, ma plus grande question était "comment vont-ils apprendre l'anglais?". Je n'avais aucun doute qu'ils y arriveraient. Je savais que je n'avais rien à faire, à préparer. Mais je ne savais vraiment pas quel forme cela prendrait. Je peux désormais le dire:

Les premiers jours à l'école, les enfants sont apeurés, perdus. Ils ne savent même pas comment dire à leur maîtresse qu'ils ont mal à la tête. Car oui, ils ont mal à la tête. Au début, tous ces mots prononcés, pour eux, ce ne sont que des SONS, sans sens. Et chercher, deviner le sens de chaque mot, mémoriser, ça fatigue. Et la fatigue, ça fait mal à la tête. CQFD. 

A la fin du premier mois, ils ont commencé à comprendre des phrases simples, très simples. Ils savaient prononcer quelques mots. 

Après deux mois, ils savaient faire des phrases, avec une grammaire absolument rudimentaire. 

J'ai eu la sensation, à ce moment là, qu'ils avancaient tous les trois ainsi: Après un mois, ils comprenaient et communiquaient comme des enfants de 1 ans, après 2 mois comme des enfants de deux ans, après 3 mois ... ainsi de suite. 

L'année scolaire n'est pas ponctuée d'autant de vacances scolaires qu'en France. Aussi, entre la rentrée et la première semaine de vacances, il s'est passé 16 semaines. Le double de ce qu'un petit français est habitué à avoir. Ils étaient épuisés, à cran. Heureux, car l'école est agréable ici, les instits sont adorables, les copains tous dévoués, bienveillants. Mais intellectuellement, c'est éreintant. Chaque jour, il faut deviner chaque mot, chaque phrase. Mémoriser. En plus de faire le travail scolaire comme les autres élèves. 

Au printemps, leur anglais était devenu suffisant pour qu'on puisse les laisser à des anglophones sans craintes: ils savaient communiquer complétement. Gabrielle a des problèmes de prononciation. Même en France. Son cerveau va plus vite que sa langue... mais en anglais, ça devient encore plus difficile. Par contre, elle lit depuis le printemps, en anglais, les mêmes livres qu'elle lisait en français, tel "la guerre des clans". Epatant, non ? Pierre a un accent parfait. Raphaël joue au bébé en français comme en anglais. Mais il sait prononcer merveilleusement également. 

Ici, les élèves ne sont pas jetés en classe sans soutien: Il y a dans chaque école un professeur ESL (English as Second Language). Ces professeurs sont parfois sur plusieurs écoles. Quand on inscrit l'enfant à l'école, il est demandé la langue parlée à la maison. Si l'anglais n'est pas la seule langue parlée (absente, ou bien plusieurs langues), alors l'enfant sera considéré comme "EL" (english learner). Ce n'est pas péjoratif, car au contraire, ils encouragent le bilinguisme. Mais, ayant conscience que ça peut provoquer une différence de niveau par rapport aux anglophones monolingues, ils donnent des coups de pouces, et suivent leurs progressions. Ms A., qui s'occupe de l'école, nous a dit qu'un enfant qui arrivait d'un autre pays acquiert le niveau d'un natif en 3 à 5 ans. C'est à dire qu'à la fin de cette période, il n'y aura plus aucune différence de language entre eux et les camarades. L'accent, lui, s'effacera si l'enfant arrive avant l'âge de 10 ans. Après, il parlera anglais avec plus ou moins un accent selon son "talent" personnel. Donc, Gabrielle arrivée à l'âge de 9 ans, malgré son accent français plus soutenu pour le moment, finira par le perdre. Mais, puisqu'ils sont très suivis et testés, je peux vous dire qu'en ces quelques mois, Raphaël est déjà arrivé à un niveau de langue moyen par rapport aux petits américains. C'est à dire qu'à l'écrit il a déjà une compréhension tout à fait normale d'un enfant américain de son âge. Gabrielle et Pierre étaient un peu en deçà. Mais, être comparé aux natifs montre déjà à quel point cet apprentissage vient vite. Raphaël obtient des 12/12 en spelling test (contrôle d'orthographe) de façon régulière. Pierre lit ses 40 mots d'anglais. Ca roule, donc. Aucun n'a le niveau le plus bas de la classe. Ils sont soit au top, soit moyen. 

Ce qui a grandement accéléré l'apprentissage a été sans conteste l'aide providentielle des voisins. Nos enfants apprenaient l'anglais à l'école, puis tout le reste de l'après midi, et les week-ends, et les vacances. J'avais lu qu'un enfant apprenaient une langue par un mélange de nécessité et d'envie: son envie de communiquer, son besoin de communiquer le poussera à développer l'autre langue. Leur envie de s'amuser à été le meilleur terrain pour apprendre. Encore plus que l'école. 

Le deuxième tournant important, c'est au printemps. Ils ont commencé à perdre leur français. Pas grand chose... mais les adjectifs changeaient de place. Ou bien ils utilisent des tournures de phrases anglaises. Ou encore se trompaient sur les auxiliaires. En anglais, on utilise l'auxiliaire avoir avec le verbe tomber par exemple. En français, c'est l'auxiliaire être. Et quand ils se trompent, et parlent de "la rouge voiture qui a tombé dans le trou", ça fait bizarre. De même que lorsqu'ils disent "Pierre va tourner 6 demain!". Traduction littérale de "Pierre is turning 6 tomorrow!". Pourtant, dans la langue de Molière, ça ne se dit pas. 

Depuis le printemps donc, je n'ai plus aucune crainte pour leur anglais. Je sais qu'il y a des progrès à faire encore, que ce sera à la fois long et parfaitement naturel. Qu'ils auront le niveau des autres un jour, sans pousser, sans forcer. Par contre, leur français pourrait finir aux oubliettes. A la maison, on réussi à ne parler que français, sauf lorsqu'un anglophone est là. Je fais la phrase en deux langues, même si ça ne s'adresse pas à lui, pour ne pas mettre l'invité mal à l'aise d'incompréhension. Même si le petit voisin Joe s'est habitué, sur le chemin de l'école, à mes "on attend", "attention", "on y va". Dans l'ensemble, nous essayons surtout de développer leur vocabulaire français, leur grammaire. Pendant les vacances, de peur que Pierre retourne à l'école en ayant perdu un peu son anglais, j'ai essayé de lui parler anglais. Sa réponse était claire "non maman. Il faut que tu me parles comme on parle. Je veux pouvoir parler toujours comme on parle". Il a du mal encore avec le mot "français". Car pour lui, on parle anglais en Angleterre. Alors, il ne comprend pas comment, en Amérique, on parle anglais et pas américain. Les garçons, souvent, lorsqu'ils jouent, parlent anglais. C'est ainsi, je ne pourrai rien y faire. Et ça ne me dérange pas. Le bruitage des petites voitures est, il est vrai, plus amusant en anglais. En toute logique, ils finiront par avoir un accent californien lorsqu'ils parleront français. Ca ne me plaît guère, mais à quoi bon lutter contre le vent qui souffle?

Il a fallu apprendre aux enfants un nouveau concept de politesse: on ne profite pas de la langue française pour dire de mauvaises choses sur les gens, en partant du principe qu'ils ne comprendront pas. On ne dit rien en français qu'on ne pourrait dire en anglais. Etre bilingue ne doit pas servir à faire du tort aux autres. Exemple: lorsque nous faisons la queue au supermarché, on ne peut pas, en français, se moquer de la personne devant nous. D'une part, elle pourrait comprendre. D'autre part, si on ne le fait pas en anglais, car on sait que ça ferait du mal, on s'abstient aussi en français. Les gens ont parfois des tenues excentriques ici, par exemple ils vont en pyjamas au supermarché. Beaucoup de choses "choquent" les enfants et si je les autorise à en parler, une fois arrivés à la maison pour qu'on puisse les aider à développer leur tolérance, je refuse qu'ils le fassent devant la personne. Ce qui les choque encore, et qui est très présent: les tatouages, les pyjamas, les cheveux teints aux couleurs qui ne sont pas naturelles, les tenues... très courtes (oh maman, la dame est en culotte!), les gens obèses (maman, il mange pas assez de légume le monsieur), les gens qui se baladent avec un perroquet dans le caddie aussi, et les ongles de pieds vernis. Par extension, on ne dit rien en français qu'on ne dirait pas devant les autres non plus. Par exemple, nous nous sommes retrouvés dans un endroit où il y avait d'autres français. S'attendant à être au milieu d'Américains, ils parlaient "librement". Mais je puis vous dire que leur conversation sur leurs pets aurait été plus appropriée en privé.

Car, il faut que je leur remémore tant leur mémoire est sélective, les premiers jours, c'était exactement ce qu'ils craignaient: ne comprenant pas le langage des camarades autour d'eux, ils pensaient, à tort, qu'ils étaient moqués. Il a fallu du temps pour qu'ils comprennent qu'ici, les camarades ne se moquent pas, ne pointent pas du doigt. Ils sont tous vraiment bienveillants. Enfin, en théorie. En vrai, surtout chez les plus grands, il peut y avoir de la moquerie. La plus grande différence avec la France est la réaction du corps enseignant lorsque cela se produit. Il y a TOUJOURS une réaction. L'instit expliquera que c'est pas correct, que c'est blessant, que l'enfant lui-même ne souhaiterait pas être traité ainsi. Si jamais l'élève recommence, alors les sanctions seront fermes. L'école, comme tant d'autres, est vigilante sur le "bullying". Gabrielle s'est plainte, uniquement en fin d'année, d'élèves plus grands. J'en ai fait part à son instit qui a démêlé la situation. Chez les plus petits, le seul souci pouvait être que les petits américains ne parlaient pas directement à nos enfants, car ils comprenaient pas. Et quand ils ont fini par comprendre, il y avait toujours des "il répond jamais quand on lui parle" dits entre eux, alors que mon fils, en face, comprenait parfaitement ce qui était dit. Juste, il ne savait pas former les phrases pour répondre. Mais, ce n'était jamais méchant, et il y a vraiment une bonne ambiance dans les jeunes classes. Filles et garçons sont amis, jouent, travaillent ensemble. Un vrai petit monde de bisounours. Pourvu que ça dure encore un peu. Toujours est-il qu'ils peuvent ainsi voir que, si l'autre parle une langue inconnue, on peut craindre ce qu'il raconte. Ainsi, puisqu'ils n'ont pas du tout aimé cet état, je leur interdit de le faire de façon intentionnelle, et malveillante.



Pour résumer, j'ai envie d'écrire que ce passage au bilinguisme est difficile. Les gens qui vous disent "oh la la, tu verras, en quelques mois ils seront bilingues, tu auras même pas le temps de voir venir" ne mentent pas, mais la vérité n'est pas totale, car la phrase laisse transparaître une certaine facilité. C'est une étape émotionnellement difficile pour les enfants, physiquement, très fatigante. Passer d'une langue à une autre, même pour moi qui avait un niveau correct d'anglais, c'est dur. Il parait que ça donne tellement de travail au cerveau que ça réduit les risques d'Alzeihmer et autres maladies du même type.

Une voisine me disait "j'adore quand tu écris en français sur facebook, car la traduction google est toujours hilarante. Je lis même les commentaires, c'est trop drôle". Imaginez donc: ce qu'aucun logiciel, aussi puissant soit-il, n'est capable de faire, notre cerveau doit le faire, tous les jours, tout au long de la journée. Les traductions littérales, ça ne marche pas. Il faut jouer sur les nuances, les expressions, les faux-amis. Et ils vont bientôt découvrir les différences d'orthographe de mots pourtant très proches. Nous avons 30% de vocabulaire commun, mais pas du tout la même grammaire, ni les mêmes expressions, ni la même orthographe. C'est un apprentissage de la subtilité.

Donc mes enfants, quand vous lirez ceci (Gabrielle a déjà commencé à lire le blog), sachez que je suis fière de vous. Oui, il était évident que vous deviendriez bilingue, sans vous en rendre compte, sans "effort" particulier à fournir. Votre cerveau, et votre capacité d'adaptation l'ont fait pour vous. Vous en avez juste subit les conséquences au quotidien, et ce qui me rend fière, c'est que vous ne vous êtes pas plaints. Vous ne tenez pas de moi cette qualité. Gabrielle ne s'est JAMAIS plainte, et a tout encaissé. Raphaël, plus sensible, avait "mal au ventre" souvent. Pierre évacuait ça en étant plus indiscipliné en classe (et encore, il était beaucoup plus discipliné que ce qui était demandé en France). Dans tous les cas, vous avez accompli un gros travail. Cette année sera plus douce pour vous, j'en suis sûre. Je suis bien désolée de vous avoir mis dans une situation difficile, mais en fait, je sais que si le chemin est dur, on ne regrette jamais les efforts fournis quand ils ont été payants. On regrette les échecs, pas le travail bien accompli.  

dimanche 21 août 2016

Summer

L'été est fini pour nous. Il fait toujours plus de 37°, mais les enfants ont repris le chemin de l'école. Pas tout à fait ravis pour certains... Pierre avait même amené sa peluche à la rencontre avec la maîtresse, la veille.



Malgré tout, en rentrant, ils étaient très heureux et adorent leurs nouvelles maîtresses. Les garçons avaient peur que la maîtresse ne soit pas gentille. Ca n'existe pas, ici... Au pire, si elle n'est pas "gentille", elle est forcée de le prétendre. J'ai donc fait un gâteau au chocolat de consolation pour rien. Avec du chocolat français, et ils ont TOUS noté la différence.


Raphaël a une classe un peu moins colorée que l'an dernier. Il passe du côté des grands, un peu plus sérieux. Il est à la moitié du chemin de l'école primaire, ici: 3rd grade. En France, il serait en CE2.


Gabrielle a achevé l'école élémentaire. Elle est en 6th grade, la 6ème en France. Dans notre ville, il n'y a qu'un "middle school" (le collège). Aussi, au lieu de faire 6/7/8 grade, ils ont décidé de ne faire que 7 et 8 en middle school, et le 6th grade reste en élémentaire. Je suis plutôt satisfaite de voir mon "bébé" encore ici, car après tout, elle vient seulement d'avoir 10 ans, elle a 1 an d'avance. Quand on voit la taille des élèves de sa classe, certains plus grands que moi ou leur instit, on se dit qu'il est bon qu'elle ne soit pas avec encore plus grand.


Pierre est rentré en 1st grade. Au CP. Il a retrouvé une bonne partie de ses copains. Il n'a pas d'ami attitré encore, il papillonne avec tout le monde, joue avec tout le monde. Il n'était pas donc déçu de sa classe. Il y a même en classe un nouveau copain qui est dans son équipe de foot: Paul. Espérons qu'ils s'entendent bien!


Pierre a surtout vu les avantages de quitter la cour des maternelles: il peut jouer avec son frère et Joe le voisin, désormais, car ils partagent la cour de récré. Pas toujours les même horaires, mais au moins le matin. C'est donc la seule année où j'ai mes 3 enfants en école primaire, aux mêmes horaires, au même endroit. L'an prochain, il faudra conduire Gabrielle au collège, à 15 minutes de chez nous. Comme 3 familles dans la rue sont dans le même cas, à savoir un aîné en 6th grade, les deux autres plus petits, nous pensons déjà au co-voiturage. 


Avis aux maîtresses: voici l'un des premiers devoirs de Raphaël. Pierre et Gabrielle ont aussi eu des petits exercices du style à faire. On commence toujours par se présenter en début d'année dans cette école. Histoire que les nouveaux arrivés connaissent tout le monde, que les instits connaissent les enfants d'une façon plus personnelle aussi. Mais je trouve cet exercice plutôt amusant. Le sac donné est un "lunchbag", donc une sorte de sac papier à croissants. Pas très gros, juste de quoi mettre de petites choses qui aideront l'enfant à prendre la parole en public. 


Plus tôt dans la semaine, les garçons ont été fort occupés à construire un cinéma pour les peluches. Comme ils ont pris l'habitude de manger en allant au cinéma, ils leur ont aussi servi toutes sortes de menus. Ils ont tout rangés depuis. 


Notre mini-pêcher acheté au printemps a produit des fruits. Prévus pour fin août/début septembre. Ils sont tout petits... mais je ne sais pas si nous aurons l'occasion d'en manger, les oiseaux ou écureuils se servent déjà. Vu la taille des fruits, je crois qu'on laissera faire. Après tout, une pêche de 4 cm de diamètre c'est plus à la taille d'un écureuil que d'un humain.



François avait pris 2 semaines. La première nous avons voyagé, la deuxième se retrouvait à cheval sur la rentrée scolaire. Il a donc profité de ce temps à la maison pour faire le bricolage qu'il n'a jamais le temps de faire. Changement d'évier, changement dans le potager. Les fortes chaleurs + nos vacances ont tué beaucoup de plants. On va recommencer pour l'automne. 




***

Pour résumer notre été...

Début juin, nous avons été fort occupés par les oreilles de mademoiselle Gabrielle. On n'en finira jamais.. un des tubes s'était bouché, et il a fallu le retirer. Avant cela, il y a eu 3 rdv avec pédiatres puis ORL, des tentatives d'antibiotiques (pour l'otite occasionnée), des tentatives de gouttes. Le tout a fini par nous coûter plus de 250$ non remboursés, ici. On a été chanceux de tomber sur une ORL d'origine asiatique (avec fort accent) car lorsque j'ai demandé si on pouvait éviter une anesthésie générale pour retirer le tube, elle a approuvé. Les autres demandaient à faire l'anésthésie générale pour "éviter la douleur". Celle là nous a dit que si Gabrielle gardait son calme, ne bougeait pas, en 2 secondes c'était fait, douloureux mais très court. Alors que l'opération... implique beaucoup de problèmes. Gabrielle a accepté, et le jour du rdv, elle a été parfaite, et très contente d'avoir une glace ensuite. 



Pendant ce temps là (de Juin à Juillet), Gabrielle a eu son anniversaire, le 6 Juillet. Je lui avais offert par anticipation une machine à coudre, pour profiter de toutes les vacances d'été (qui ont commencé le 4 Juin ici). L'occasion de finir la décoration de sa chambre, de quelques cours. Nous avons appris à faire une jupe, des coussins... et même des coussins étoiles!




Pour sa fête d'anniversaire, Gabrielle ne voulait pas trop de monde. Juste ses 4 copines. Une n'a pas pu venir, elles étaient donc 4 en tout. Et plutôt que d'aller dans une boutique organiser un anniversaire - atelier de couture,  nous avions décidé que je donnerai le cours de couture. J'étais très stressée, mais tout s'est bien passé. Les copines étaient heureuses de cet anniversaire calme, très différent de ce qu'elles voient habituellement. 







Pour son dîner d'anniversaire, Gabrielle avait demandé une pizza. Ca tombe bien, j'ai enfin trouvé une recette de pâte à pizza super facile, rapide, et délicieuse.



Pendant l'été, les garçons ont joué. Ce qui implique encore dans leurs jeunes cervelles de mettre la maison en vrac. Un peu... 



... ou de s'habiller en "tortues ninja" / "ninjagos"... avec cette superbe phrase de Raphaël : Moi, je ne comprends vraiment pas comment papa, quand il était petit, il pouvait ne PAS aimer les ninjagos. C'est impossible de ne pas aimer les ninjagos! Si si mon petit, c'est surtout possible quand ça n'existait pas, et que le monde n'en avait, en fait, vraiment pas besoin.


Plus tendrement, ils jouaient parfois à la poupée. En sortant le couffin, les vêtements, en la nourrissant. Comme un vrai papa! Raphaël a décidé qu'il voulait avoir 10 puis 20 bébés. J'ai suggéré le changement de religion, afin de pouvoir épouser plusieurs femmes. Telle la religion Mormone à ses débuts... 


Lorsque la maison était rangée, c'est qu'ils n'y avaient pas passé beaucoup de temps. Les glaces, on pense parfois que c'est pour faire un cadeau aux enfants. Parfois, c'est juste un répit pour les parents. 


Car parfois, ils mettaient BEAUCOUP le bazar. Comme pour cette pièce de Théâtre, où ils avaient même pensé à faire nos sièges. Hélas, ils ont beaucoup plus travaillé le décor que le texte. Encore un peu de travail, les enfants... La peluche qui va faire ses courses chez Sprouts manquait un peu de profondeur. 



D'épuisement, parfois ils tombaient.


Mais trouvaient toujours un moyen de mettre du bazar dans leur repos.


Les mères étant toujours optimistes (sinon, comment survivre?), j'ai cru que je pourrai trouver une solution, et mettre un terme à ce fatras. J'ai voulu coudre un sac de rangement/tapis de jeu. Pour qu'ils rangent en un tour de main leurs affaires. Mais ça m'a pris beaucoup, beaucoup de temps à faire. Alors  évidemment, il y a eu encore de beaux jours d'apprentissage de la tolérance.




Le principe est simple: un grand tissu rond, un cordon qui passe autour. Ils mettent leurs jouets au milieu, et pour ranger le soir, il suffit de tirer le cordon. On obtient un gros sac de jouets, qu'on réouvre dès le lendemain.


Dans le fond, ils n'ont pas besoin de tout ça pour jouer. Deux voitures, et ils jouent partout. Ils en ont toujours une dans leur poche, juste au cas où. Comme lorsqu'on va chez les concessionnaires pour trouver notre deuxième voiture. Ca devrait être LA sortie du siècle pour eux: le rêve de tout petit garçon. Mais non. Une voiture et un tas de sable, voilà qui est mieux.


Chez le premier marchand de voiture, il y avait pourtant un match de soccer... France pendant la coupe d'Europe. Ca aurait dû leur plaire... mais non. 


Finalement, nous sommes repartis sans voiture... mais avec les trois mâles de la maison parfaitement assortis ce jour là. De vrais ninjagos bleus!


Ils n'ont même pas besoin de télé, ou de dessins animés. La machine à laver le linge suffit. Presque aussi passionnant que les débats politiques américains. 


Nan, nous ne sommes pas cruels... ils sont allés au cinéma au moins une fois. Chaque semaine, un film était proposé à 1$. Nous sommes allés voir Horton, un joli film issu des livres du Dr Seuss (avec Richard Scary, un de mes auteurs préférés pour enfants ici). 


Nous avons aussi rafraîchis la jeunesse en les amenant ploufer dans l'eau. Quand les oreilles de Gabrielle le permettait.



Car il a fait chaud. Toujours entre 35 et 42°C.


La vie intérieure a été riche en leçons de cuisine. Les grands ont appris à faire un banana cake.



Des cinnamon rolls également. Sortis d'un paquet sous vide, ils ont au moins appris à manipuler le mini-four, se protéger les mains et les bras, patienter que ce soit réellement cuit... gros programme. 


Nous (moi et la France) avons fait également des glaces maison, grâce à la nouvelle sorbetière. Et des chouquettes au chocolat, car le sucre en grain n'existe pas ici. Le chocolat ne tient pas vraiment, et c'est moins bon que le sucre (en grande partie car le chocolat, fait pour les cookies, est fait pour ne pas fondre. Donc il est non seulement mauvais au goût, mais en texture également).


J'ai également fait des pickles maison, et ils sont très bons (les enfants ont mangé un demi-pot en un seul repas).


Nous avons récolté les abricots du jardin, ultra mûrs. Nous aurions dû les cueillir plus jeunes. Mais, ne connaissant pas, nous avons tardé. Ils ne se gardaient que 2 jours dans la maison, aussi ai-je fait beaucoup de confitures. Abricot-vanille! J'ai même découvert la fameuse "amande" des abricots, censée prévenir les cancers.


J'ai aussi fait quelques abricots en sirop, ainsi que des confitures de fraises. La quantité de sucre achetée dans la semaine m'a rendu diabétique. Si si.


Hélas, nous avons aussi eu des problèmes de frigo. Un gros, car il a cassé pour la deuxième fois. Après n'avoir râlé que de façon légère, ils ont accepté de nous en donner un neuf. Nous avons choisi une autre marque, un autre modèle. Depuis deux mois, il fonctionne. Nous n'avons survécu que grâce à un frigo acheté dans un vide grenier pour 20$, qui reste dans le garage pour les bières, le lait et autres boissons désormais. Nous avons tenu 8 jours sans aucun frigo avant d'acheter celui à 20$, et 3 semaines avant d'en avoir un vrai. C'était très casse-pieds car il faisait 40° cette semaine là, et nous rêvions de boissons fraîches. 


Nous avons vu une belle voiture garée dans la rue.


Et des plaques d'immatriculations originales.


Début Juillet, Joann a installé le rayon d'Automne (c'est déprimant).


Mais le rayon noël également (au secours!)


Nous avons trouvé une chenille de 10 cm de long sur nos tomates. Pensant que ça deviendrait un gentil et beau papillon, nous l'avons sauvé... jusqu'à trouver, après recherches internet, que c'était le sphinx de la tomate: un dangereux parasite. En plus, en papillon, il est moche. Ils conseillent de l'écraser, ou de le couper en deux aux ciseaux si on aime pas tout le liquide qui explose. Nous avons choisi de le jeter par dessus bord, incapables de tuer la bestiole. 


J'ai réussi à faire un épi de baguette!!! Super fière de moi, car c'était le pain préféré de Raphaël.


Nous avons été invités fin Juillet au BBQ de l'entreprise. S'ils faisaient ce pique nique en Automne, ce serait plus agréable car la forte chaleur rend difficile de sauter sur les châteaux gonflables, et autres jeux.






Fin Juillet le chat a fugué. Elle est restée deux nuits entières dehors. Elle est rentrée en ayant mauvaise mine, et assez mécontente d'elle-même. 


Depuis longtemps, François voulait essayer Five Guys, un fast food réputé de meilleure qualité... Alors oui, ils coupent les patates pour faire les frites devant vous, ils font leurs steak hachés eux même... Mais ça reste un fast-food, avec des frites molles et pas assez cuites, avec des burgers (ou hotdogs). Les recettes ne sont pas meilleures, le pain non plus. Honnêtement, on est mieux à cuisiner à la maison. Ajouter les tarifs excessifs... nous n'y retournerons plus. Nous préférons les traiteurs chinois, indien, thaï, mexicain, italien... Tout ce qui a du goût!




Et puisque les Français se sont jetés sur ce fast-food, bêtement, je vous offre la table des calories... Bon appétit! Le Bacon Cheese à 920 cal... et 960 cal pour la frite moyenne. 


Le départ en vacances approchant, Gabrielle a voulu tester le camping à la maison. Elle a bien raison, autant apprivoiser ses peurs. Elle a réussi haut la main, mais n'a pas voulu tenter de dormir dans le salon. Trop effrayant encore.


S'ils réclament la télé, je leur donne la télé. Un documentaire environnemental sur le pétrole. Et oui, les enfants ont compris que le pétrole viendra à manquer, qu'on en trouve dans tout, mais que seuls les médicaments sont indispensables. Et qu'il faudrait mieux réduire nos déchets, marcher, etc. Ils se sont donc engagés à marcher à l'école (comme depuis notre arrivée) même si on achète une deuxième voiture, et sans râler. Ils acceptent aussi qu'on arrête de perdre les légos ou accessoires de playmobils (qui traînent et finissent dans l'aspirateur) car ils sont en plastique, il ne faut pas gaspiller. Et autres bonnes résolutions.


Nous avons "fêté" notre anniversaire d'arrivée aux USA avec leur fast-food préféré. Ils ont regardé chaque élément jetable, et ont réalisé qu'il y avait beaucoup de gâchis : le carton des boîtes et des gobelets, ca va. Les fourchettes en plastique sont du gaspillage, car les baguettes en bois servent tout autant et sont en matériau renouvelable. Ils vont donc admettre pourquoi pour leur lunch box, je préfère mettre des boîtes qu'on lave que des sachets à usage unique. Et ainsi de suite. On ne peut pas changer tout autour de nous, dans les restaurants ou la société. Mais nous pouvons, NOUS, faire notre possible pour ne pas gaspiller. 


Nous sommes retournés chercher une voiture, en la trouvant cette fois. Les enfants ont adoré, ils n'avaient pas besoin de petite voiture en poche: le concessionnaire les hypnotise aux jeux vidéos. Ils n'ont même pas vu que le mec nous a retenu jusqu'à 14h, et qu'ils n'avaient pas déjeuner. Miracle, non?? Le mec nous a proposé un crédit 1% de moins que notre banque, alors nous y avons passé du temps. 


Voici donc "La grosse Bertha", alias Bertie. Une Ford Expedition extra long, permettant de voyager à 8, tout en ayant un grand coffre.


Pendant les week-ends, nous sommes également allés voir un Pow-Wow (rassemblement cérémoniel amérindien), dont je reparlerai une autre fois.


Nous sommes allés voir les séquoias, dont je vous ai déjà parlé.


Anita nous a proposé d'aller faire un tour à San Francisco pour fuir les fortes chaleurs. Au lieu de 42°, nous avons eu 16°C, un beau changement. Qui n'empêche absolument pas de manger une glace.



Puis nous avons fêté mon anniversaire entre amis.


Et enfin, la semaine dernière, nous avons eu nos 7 jours de vacances, dans l'Utah, dont je vous parlerai une autre fois. Nous avons beaucoup regretté nos amis Savoyards qu'une vilaine et douloureuse blessure a empêché de venir. Nous espérons très fort à un bon rétablissement du papa (et parrain de Raphou), et attendons leur venue: automne, hiver, printemps ou été, quand ils pourront. Notre maison sera toujours ouverte, et la patience ne fait qu'augmenter le plaisir de voir les amis. 


De retour de vacances, il a fallu vite acheter les fournitures scolaires.


Profiter de la piscine


Réconforter le matou, solitaire pendant une semaine.


Manger les gaufres préparées et cuites par les aînés (venant d'une préparation, mais ils ont ajouté le gaufrier à leurs outils).


Ecouter le CD envoyé par notre amie Karine. Reste à écouter Vianney maintenant. Elle nous a envoyé un agréable colis de livres, de musique et de Tshirts.


Nous sommes allés tester un nouveau marchand de glaces. Serions-nous accrocs à la glace en été?


Et un dernier soir au resto, pour fêter le retour de la liberté (enfants à l'école), et la maison rangée.