mardi 20 septembre 2016

Utah, Canyonlands

En ce deuxième jour de vacances, nous sommes un Dimanche. Lors de mes recherches, j'avais lu que les parcs étaient extrêmement fréquentés, et que "expect delays". Prévoyez du retard. Il était précisé que les parcs étaient surtout pris d'assaut les après-midi, parfois jusqu'au coucher du soleil, et les week-ends. J'avais aussi lu que Canyonlands était le parc le moins fréquenté des 5. 

Les 5 ??


Les "Mighty Five". L'Utah a fait une petite campagne de tourisme autour de ses cinq parcs nationaux, et les a renommés les Mighty Five. Ils ont certainement de la concurrence avec ceux de l'Arizona (le Grand Canyon, entre autres). Il faut bien penser que cette zone, appelée le "plateau du Colorado) s'étend sur quatre états:Utah, Colorado, Arizona, New Mexico. Mais, je n'avais pas envie de faire le "grand tour", juste de faire l'Utah, où il fait tout de même moins chaud qu'en Arizona. Bref, parmi ces cinq parcs, Canyonland a le moins de succès. J'ai pensé, en toute logique, qu'il devait être moins attractif, car moins intéressant, ou impressionnant. Donc, pour débuter notre périple, c'est lui que j'ai choisi de visiter en premier. Et en dernier, j'ai choisi celui dont on m'avait dit le plus de bien. 

J'avais choisi notre premier logement car son placement est idéal : c'est la seule ville au milieu de 2 grands parcs (Canyonlands et Arches). Ainsi, nous pouvions y dormir plusieurs nuits et avoir de quoi bien occuper nos journées. Mais il faut donc choisir par quoi commencer. C'est un peu comme être devant la vitrine du boulanger, où on aimerait tout dévorer. 


Canyonlands, qui semble si près sur la carte, dont on a passé la pancarte sur le chemin de notre arrivée, est en fait bien caché, au loin. Pour y aller, on reprend la route vers Moab (20 min), puis nous traversons toute la ville. Au sortir de la ville, il y a Arches. On continue une dizaine de minutes, et on tourne à gauche. On pourrait penser qu'on entre dans le parc, mais pas du tout. Un peu comme Disneyland, où le premier guichet vous fait croire que vous allez voir le château. En fait, la route est encore longue. 30 minutes au moins, au milieu de ces roches déjà splendides, qui nous font dire que si ELLES ne font pas partie du parc, que personne n'a pensé qu'elles méritaient d'être protégées, le VRAI parc sera spectaculaire. 




A l'entrée d'un parc, il n'y a pas de parking. Il y a d'abord un ranger dans sa mini cabine pour faire payer l'entrée. Comme un péage, en fait. Nous pensions que nous serions garés, et ferions le parc entièrement à pied, avec nos sac à dos et nos réserves d'eau. Non, pas du tout. Le parc se fait principalement en voiture. C'est trop gigantesque pour être fait à pied. Nous demandons au ranger le pass annuel. Pour 80$, nous voilà autorisés à rentrer dans TOUS les parcs nationaux des USA, pendant un an. Le tarif sinon est en général d'une vingtaine de dollar par voiture. On ne paie pas par tête, mais par carrosse. Nous payons en carte (bancaire), il nous donne notre carte (annuelle), et d'autres cartes (plans du parc). 

Une fois le "péage" franchi, nous nous arrêtons au Visitor Center. Etape importante, où nous demandons des conseils au Ranger sur où aller, quel balade il recommande. Surtout, point crucial de tout notre voyage: "Do you have some Junior Ranger booklet?". Dans tous les parcs nationaux, et beaucoup de parcs d'état, un programme a été fait pour intéresser les enfants. Dans ce livret, il y a des questions, des choses à trouver, des jeux, des quizz. Selon l'âge de l'enfant, il doit répondre à certaines questions. Chaque livret a ses demandes en nombre d'exercices à faire, en programmes à suivre, en déchets à ramasser. Une fois tout terminé, l'enfant doit le rendre au Ranger avant de partir. 

Nous avons aussi demandé au Ranger un sac à dos d'explorateur pour les enfants. On laisse une caution ou juste nos informations, et il prête à l'enfant un sac à dos bien garni: jumelles, livres sur les animaux, géologie, parc et étoiles, une boussole, de quoi dessiner. 


Canyonlands est le seul parc qui est en fait composé de 3 parcs. Il y a Island in the sky, où nous sommes allés, situé au confluent de deux rivières : Colorado river et Green River. De l'autre côté du canyon (la rivière Colorado), il y a Needles, dont l'entrée se situe bien plus loin (notre logement est situé entre les deux entrées). Et il y a The Maze, situé de l'autre côté de Green River. 

Island in the Sky est le plus facile à visiter. Needles un peu trop loin, et The Maze quasiment inaccessible, à moins de marcher plusieurs jours, où d'avoir un très bon 4x4. Et quand bien même, on est si loin de la civilisation que ça en devient un peu dangereux. Donc nous avons fait seulement Island. 

J'ai choisi les randos que nous ferions, car François conduisait. Il adorait ça, lui qui avait fait des heures et des heures de lignes droites dans un paysage monotone la veille, le voilà à rouler parfois en montagne, parfois avec des beaux virages, mais toujours avec une vue spectaculaire. 



Nous avons commencé par Upheaval Dome. Ca monte un peu. Donc Pierre a râlé. Monter l'équivalent de 3 étages, quelle horreur pour lui! Quel intérêt à passer des vacances dans les cailloux?


Arrivé en haut de la première montée, il a trouvé "une grotte". Il a trouvé ça épatant. Il n'a plus râlé sur l’intérêt de visiter les parcs. Lui et Raphaël ont commencé à gambader joyeusement, s'exclamant à chaque lézard croisé, à chaque caillou qu'il pourrait grimper plus vite et plus haut que les autres. De vrais garçons! Je me suis trompée à un endroit: au lieu d'aller vers le point de vue 1, je suis allée vers le 2, moins facile, et plus long. Nous avons suivi les conseils: s'arrêter pour de petits en-cas, pour boire. 






J'ai vite compris que les randonnées seraient difficiles pour MOI. Non pas physiquement, mais émotionnellement. J'ai le vertige. Pire... j'ai peur que quelqu'un glisse et tombe dans le ravin. Marcher, et rouler sur un caillou et s'écrouler des centaines de mètres plus bas. Oui, c'est certainement une peur sans fondement (quoique, mon cerveau peut vous prouver que c'est vraiment possible). Mais voir les garçons marcher si près de la falaise, ça me tétanisait. Mais on a continué, malgré tout, sur notre route. Ce n'étaient pas les premières, ni les dernières falaises... La première balade a bien duré 2 heures. 








On est reparti vers Green River overlook. Sur la route, beaucoup de points de vue avec parkings sont indiqués, on s'arrête à notre guise. Ce point de vue est spectaculaire. Je pensais commencer par le parc le moins intéressant, et je crois que cette vue est celle qui m'a le plus marquée de tout notre voyage. Ce canyon de Green River, les boucles creusées dans la roche au fil du temps, les couleurs... Le plus marquant, vraiment. On a marqué une petite pause (en fait, on marquait des pauses tout le temps, pour profiter) pour remplir les livrets des Rangers. 














Ensuite, direction Grand View Point overlook. Là, ce "grand view", c'est la vue sur les deux autres parcs, sur la confluence du Colorado et de Green River qui se croisent, et sur toutes les formations rocheuses qu'elles ont façonnées. Nous avions pris notre pique nique en vue de la nouvelle randonnée qui s'annonçait de quelques heures. Pas mal, comme vue... 






Nous avions eu quelques nuages et petites gouttes. Au loin, nous voyions sur les montagnes, à l'est, un orage. Sur tous les guides, les plans, les consignes sont formelles: en cas d'orage, retournez vite à votre voiture. Il n'y a pas grand chose aux alentours pour attirer la foudre, le plus haut point risque bien d'être vous. Raphaël était craintif. Nous avons pensé que l'orage était bien loin, on voit si loin depuis là-haut que l'orage était certainement dans le Colorado. La montagne où notre logement se trouve est nommée La Sal mountains. C'est certainement là que l'orage est resté, car nous ne l'avons pas vu sur notre tête. Le soleil, sec et violent, ne nous a pas quitté. Hélas. Car bien qu'ayant ultra bien organisé notre voyage, je n'ai oublié qu'une seule chose, une seule: la crème solaire. J'avais prévu les lunettes, les chapeaux. Mais la crème est restée dans le sac de piscine, à la maison. Et nous avons brûlé. Bien rouge! 


Avant d'arriver au bout de la rando, les enfants se plaignaient. J'avoue qu'après 1 heure de marche, sous le soleil au zénith, c'était dur. Moi, j'enchaînais ma dix-septième crise cardiaque de bord de falaise. J'ai accepté qu'on retourne à la voiture sans avoir vu le bout. Mais, pour retourner à la voiture, il faut encore marcher 1 heure! Dans les randos, aucun abandon n'est réellement facile, aussi doivent-ils perdurer dans l'effort, même pour abandonner. 











Retour à la voiture, garée au milieu des voitures de location californiennes, conduite par des Français. Des Français PARTOUT. La moitié du parc parlait la langue de Molière ce jour-là. On leur a dit "c'est normal, les américains reprennent l'école, les vacances sont finies ici. Pour la France, on est juste au milieu. Nous, l'école reprend la semaine prochaine". On sentait qu'ils ne comprenaient pas très bien. Il a fallu leur expliquer que nous étions français, mais pas de France. Les touristes américains avaient encore plus de mal à comprendre... comme me l'a fait remarquer une dame, sur le chemin de notre troisième randonnée, très courte celle là, vers Mesa Arch. Après lui avoir expliqué que nous étions des immigrants, et que nous étions prés de Sacramento, elle m'a lancé un "ah, alors vous, vous devez pas avoir trop chaud. Vous êtes habitués. Nous, dans le sud de la Californie, le temps est plus doux. Ma fille habite près de chez vous. Vous avez 100°, alors les 90° ici, ça vous effraie pas". Euh, chez nous, on sortirait pas en milieu de journée pour marcher des heures.... Mais passons. 

Mesa Arch. Joli. MAIS, "short hike" (rando courte). Donc, beaucoup de touristes du type ... "je sors de ma voiture ultra climatisée en flip-flop, je viens prendre ma photo pour facebook/twitter/instagram et je repars". 

En randonnant sur les longues randos avec les enfants, on a pu prendre notre temps, être isolés, écouter les bruits, ou plutôt le silence. On a regardé les plantes, les arbres. On a admiré le sable, rouge, et qui pourtant brillait comme s'il était composé de paillettes. 

Ce sable, grâce aux livrets des enfants, nous avons appris à le connaître. Il s'appelle le Navajo, et c'est la dernière couche du "Mesa" sur lequel nous étions. Un Mesa, c'est une élévation de terre dont le dessus est plat et les côtés constitués de versants. Ca peut être petit, comme gigantesque. Les enfants ont dû reconnaître et nommer chaque couche de roche, que l'on reconnait aux couleurs différentes sur les falaises. 


Mesa Arch, c'est donc une arche sur le Mesa. J'ai cru devenir folle au milieu de ces gens qui veulent des photos... d'eux. Oui d'eux. Une photo faite à 1 m de l'arche: on voit la tête du mec, mais pas l'arche. Ce qui est beau, et qu'ils ne voient pas tous les jours, c'est bien l'Arche, non? Leur tête est visible du matin au soir, grâce à un miroir. Pas besoin de s'agglutiner devant le trou de l'arche. C'est comme si on prenait une photo de la Tour Eiffel juste au pied. On verrait... un beau mur blanc! Après avoir attendu 20 min. Après avoir joué les photographes pour plusieurs familles, j'ai finalement osé demander à tout le monde de se pousser. Et ils m'ont accordé 30 secondes pour avoir une photo de l'arche sans personne. Bizarrement, ils ont semblé apprécier de pouvoir, eux aussi, prendre une photo de l'arche sans humains devant. Leurs selfie-sticks ont repris le travail aussitôt, tout de même. 


Regardez, quand on prend un Arche en photo de près... on ne voit pas l'arche. Il était possible de se prendre la même photo, à côté, sans gâcher le monument pour le reste des autres visiteurs. 




Nous sommes alors retournés au visitor center. Nos bouteilles d'eau étaient ultra vides, et il y a de quoi les remplir là-bas. Les bouteilles plastiques ne sont pas en vente ici, car elles polluent: les gens les perdent, les jettent. Une catastrophe. Quand on paie sa gourde, en général, on y fait bien plus attention. Après nous être rafraîchi, les enfants sont allés voir le Ranger. Il les a questionné sur ce qu'ils ont vu et compris du parc. Après les félicitations et compliments d'usage, il leur a demandé de prêter le serment des Rangers: ils doivent faire le serment de protéger le parc, les autres parcs et toute la faune et la flore de la vie sauvage. Ensuite il leur a offert à chacun un badge de Junior Ranger. Ils étaient très contents et fiers. Raphaël, qui voulait un temps envoyer aux oubliettes le petit livret a été content qu'on le pousse un peu. Dans ce livret, on demande aux enfants de ramasser des déchets: nous n'en avons pas trouvé un seul! Bravo, les touristes (même celui avec son selfie stick). 


Quelques broutilles à acheter dans la boutique, et nous avons ensuite quitter le parc, vers 15h30, direction....


A suivre...

4 commentaires:

  1. Ce que je retiens le plus du voyage que nous avions fait à l'aube de mes 16 ans (une éternité), se sont tous ces paysages incroyables. Les Etats Unis sont tellement grands, divers... Magnifique.
    Et je ne comprends pas cette peur irrationnelle... Ton cerveau aussi te donnes un million de bonnes raisons de ne pas laisser tes enfants faire tel ou tel truc ? Moi je les vois écrasés par des voitures quand ils courent sur les trottoirs alors au bord d'une falaise oO OMG

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    1. Il n'y a pas que mon cerveau qui me dit ça. Il y a aussi tout mon bon sens, ma raison, mes pensées, ma perspicacité. Bon, mon angoisse aussi me le dit. Ca fait beaucoup de monde dans ma tête qui pensent pareil. J'ai donc forcément raison. Non?

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  2. Waouh... trop chaud pour moi mais quelle beauté! J'adore particulièrement les "trous", Green River overlook ;-)

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    1. Faut venir au printemps ou à l'automne ma grande!

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